Pierre Noury de Lauzach 🔍

Portrait de Pierre Noury

Pierre Noury ou encore Erlannig est un de ses enfants du pays qui a laissé sa trace dans l’histoire locale, chez nous c’est une stèle en son honneur à Lauzach / Laozag, mais pourquoi ?


Enfance de Pierre Noury

Pierre Noury est né le 15 mai 1743 à Lauzach dans le village de Kerglérec à 1km du bourg sur la route de Berric, dans une petite chaumière selon l’abbé Le Joubioux, aujourd’hui la maison n’existe plus mais les pierres ont probablement été reprises dans le village. Il a été baptisé le même jour comme il était de coutume à l’époque, il est le fils de Jan Noury et Anne Largoët qui étaient laboureur au village. On voit bien le Kbarré : Ꝃ spécifique au breton (interdit dans par l’état civil depuis 1955) alors parlé dans cette zone. Petite coquille lors de l’enregistrement sur le registre, le prénom Jean barré et remplacé par Pierre, de même au vu de sa notoriété futur, il sera indiqué sa date de décès et même sa fonction, fait rare pour l’époque.

Pour retrouver son acte de naissance P.394

acte de naissance de Pierre Nourry de Lauzach
Acte de naissance de Pierre Nourry

Il aura un frère en 1745 ainsi qu’une soeur née avant 1743, il n’y a plus d’archives après 1746 pour confirmer ou non d’autres frères et soeurs.

Vu la condition de ses parents, il y a fort à parier que Pierre Noury fut pâtre dès la sortie de sa petite enfance.

Stèle en son honneur à l’entrée de Kerglérec en Lauzach

Études de Pierre Noury

Sans doute grâce à ses capacités intellectuelles, Pierre Noury sera placer au Collège des Jésuites de Vannes dès l’age de 12 ans, le recteur de Lauzach (Louis le Gac) ayant remarqué son intelligence. C’est pourquoi il décida de le prendre comme élève dans son presbytère pour lui apprendre le français et l’initier au latin en attendant de l’envoyer au collège Saint-Yves de Vannes pour ses études secondaires.

C’est également le recteur Le Gac qui paya ses frais d’etudes.

Peut être sera t’il même l’un des derniers élèves car le collège est dissous par le Parlement de Bretagne le 27 mai 1762. Il partira ensuite au séminaire du Mené.

Pierre Noury le prêtre

Pierre Noury devient prêtre en 1967 dans la commune de la Chapelle-Neuve, puis très vite Recteur de Bignan le 25 juillet 1770 et même maire de Bignan en 1791, c’est là qu’il s’intéresse à l’architecture et à la poésie.

Pierre Noury l’architecte

Arrivé en la paroisse de Bignan il trouve l’Église Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Bignan en ruine, il entreprend donc de faire des nouveaux plans en vue de la reconstruire selon l’architecture grecque dont il est admirateur, les travaux commencèrent le 19 aout 1787, mais furent interrompus pendant la révolution avant de reprendre en 1801. On lui doit aussi les plans de l’église de Berné, de Guénin, de Guern, la tour de celle de Naizin, de Pluvigner, le porche septentrional de l’église de Carnac. Pendant son exil à Lisbonne il donna des cours d’architecture.

L’Exil

Pierre Noury refuse de reconnaitre la constitution civile du clergé de la révolution en 1790 et part en exil en octobre 1792, le but de cette constitution était clairement de diminuer l’effectif du clergé, et devient de fait un prêtre réfractaire, pourchassé par l’état il est contraint à l’exil , Pierre Noury s’embarque au port de Locmariaquer avec deux de ses vicaires : Dom Jeffredo et Dom Raveneau, le recteur de Moréac : M. le Gac et M. Daniélo recteur de Saint-Jean, M. Largouët vicaire de Bignan et cousin de Pierre Noury resta caché à Bignan. Ils débarquent au pays Basque à Bilbao le 18 octobre 1792 puis à Tolède mais sont finalement accueillis au Portugal.

Il livrera un témoignage glaçant de ses conditions d’exil pendant sa traversé de l’Espagne jusqu’à Bragance au Portugal :

Vous avez voulu, mon bon père (Franciscain de Bilbao), que je vous donne des nouvelles de mon voyage. Je vous obéis. Mais comment vous décrire les tribulations si amères que nous avons dû subir ! Nous n’avons trouvé sur notre chemin qu’un peuple sans pitié et nous avons eu à souffrir de sa part ce que ni les maures, ni les sauvages du Nouveau Monde n’auraient pu faire. Je le dis à regret, je ne dirai cependant que la vérité et ne la dirai même pas tout entière, car il n’y a pas de termes pour l’expri- mer. Nous avons été maltraités partout, comme de méchantes gens, comme des ennemis de Dieu et des hommes. On s’est armé contre nous de pierres, de bâtons, de couteaux. Parfois même nous avons été frappés. A moitié morts des fatigues du voyage, nous ne trouvions pas toujours même pour de l’argent, une maison pour nous reposer, ni un morceau de pain pour apaiser l’horrible faim qui nous accablait. C’est sous la voûte du ciel et sur la terre nue que nous devions appuyer notre tête pour prendre un peu de repos. Dans les localités où la population était moins excitée, après avoir absorbé une bouchée de pain, nous nous jetions, non pas sur un lit, mais sur une pierre ou une poignée de paille; et bientôt une bande d’enfants, filles et garçons, munis de pierres et armés de couteaux nous obligeaient à fuir devant eux. Oh! quel voyage pénible ! quel peuple impitoyable Je prie Dieu de leur pardonner! Si au moins leurs pasteurs nous avaient défen- dus et avaient pris notre cause en main ! Mais non : ils n’ont pas ouvert la bouche… Je n’en veux pas dire davantage. Je tremble qu’un jour le peu de compassion des prêtres d’Espagne se retourne contre eux. Je crains fort qu’un jour ces populations ignorantes et sans pitié s’élèvent contre leurs propres pasteurs et ne cherchent à les faire mourir, comme elles ont voulu nous faire mourir nous-mêmes. Enfin nos tribulations ont cessé. Nous sommes arrivés à Bragance, où nous avons été cordialement accueillis par le capitaine général et par le doyen, qui marche sur les traces des évêques de Tolède, Orense et autres.

Pendant cette période il traduisit l’ancien et le nouveau testament en breton. Il n’oubliera pas ses paroissiens notamment en leur adressant une chanson en breton : Ar Beleg Forbannet

Cheleuet ur person a eskopti Gwenned,
Pell doh er roanteleah eit er fe forbannet :
Pell eu a gorf doh hoc'h, mes he impinion
A zou perpet gen-hoc'h kerklous 'el he galon.

A oude en amzer kri ha diskonfortuz
Ma on pellet doh hoc'h dre urzeu trueuz,
Dirak men deu-leged perpet holl hou kwelan,
Hag ar hou poenieu de ha noz e ouilan.

0 de lan a c'hlac'har, o de lan a driste !
En dez me distaget o hoc'h, mein bugale ;
0 kimiad glac'haruz ! Keit ha me veveinn
M'em bou sonj aneoud ; biken ne t'ankoueinn !

Aval doh Jeremi pe doh er geh Juived,
Er ger a Vabilon pel amzer sklavehet,
Bamde, enn ur zonjal e holl hou poenieu
Get houlenneu er mor e kaijan men dareu.

Ar ur roc'h azeet, me unon, tal enn od,
E ouilan get glac'har, ha gluban men deu-chod,
A gluban men deu-chod, siouah' ! get men dareu,
Enn ur zonj anehoc'h em oc'h trez er morieu

0 tud vad benniget ! men ema oet arze
Enn amzer euruz hont ha me c'havec'h bamde,
Eit kleuet konz Doue, ha diskarg hou kalon,
Hag eit hou konfortein dre er gomunion !

Ha mem bugale geh ! e pe stad e oc'h-hui ?
Hui em goulen bamde ha n'em c'havet ket mui
M'hou koulan a me zu ; mes, oh ! peh un drue !
N'hec'h ouez ket mui a dad, na me a vugale !

0 keh devedigeu ! petra vou a anehoc'h ?
Piue hou konfortai, piue rei sikour d'hoc'h ?
0 Jezuz ! bugul mad, hou pet sonj anehe,
Hag astennet ho torn e bep amzer d'ehe.

Isprideu euruz, o sent ha sentezed,
Ha hui, rouanez enn nean, chomet get he berpet !
Reit hu 'ehe sikour enn hou oberieu,
Ha reit konfort d'ehe e holl hou zrebileu.

O doar a Vreih-izel, o mem bro glac'haret !
E pe mor a gloe e oud-de bet tolet ?
Gwech-arall e ouez brao, joiuz, ha leuen ;
Bermen te zou mantret, siouah ! ged enn anken !

Ur vanden treitourion hemp fe hag hemp lezen,
E dez de ziorblet ha laket peb-eil-benn ;
Lammet hou dez gen-id holl joieu de galon
Forbannet eskobed, menec'h ha beleion.

Eskobed, beleion ha menec'h, forbannet
Ged el leanezed er vro holl dilezet ;
Tamm oferen bet mui, na tamm sakramanteu,
Hag enn drein e kreskein ebarh hun ilizieu !

Licherieu enn oter, kroez ha kaliz sotret,
Ha get-he ar c'hlehier e pep parrez leret ;
Enn iliz e begin, a he madeu forhet ;
Ag enn armel santel keh Jezuz forbannet ;

Sotret e enn iliz ; laket de varchosi,
Kouls 'el enn oter-vraz de ur dol a zibri ;
Er gwir grechenion, enn dud vad e ouilein,
Hag ar re fall bep le, bep le oc'h ho goanein !

0 men Doue, fachet oc'h a-c'hoz d'hun pec'hedeu !
Ni unan zou kiriek de holl hun poenieu ;
Pa vimp fidel d'e-hoc'h, e vec 'h fidel d'e-omp.
Pelleit omp-ni doh hoc'h, ha hui bella doh omp.

Enn hou gourdrouz, neoah, leun oc'h a vadeleah,
Hag e-kreih hon anken hui genik d'imp er peah.
True ! men Doue ! true ! ni zou hou pugale,
Deuz enn droug han ez groet distolet d'imp arze !

D'er roanteleah holl, d'enn iliz glac'haret,
Dakoret, o men Doue, hou madeleah, abred.
Hou pet true doh omp, o Doue a garante,
Dakoret d'imp er peah, dakoret d'imp er fe.

Pe gourz e vehemp-ni, bugulion ha deved,
Eit hou melein, men Doue, el a-gent, dastumet ?
Pe gourz e tei enn de de sehein hun dareu,
Ha de ganein gloer d'hoc'h enn hun ilizieu ?

0 de a eurusted ! o de lan a zouzter !
Me sonj a zou gen-id peb heur ur ha peb amzer.
0 Doue a vadeleah hastet enn termen-ze,
Eit ma hellinn-me hoah gwelet mem bugale !

Ke, kanen hirvouduz, konfort a me spired,
Ke, ha lar de me fobl, holl me glac'har kalet.
Douget-hi, eled mad, ha leret mad d'ehe,
E ma ha de ha noz holl me sonjeu get-he.

Turhuniel, estik-noz, ged enn amzer neue,
E iehet de ganein doh dor mem bugale ;
Ha perak ne hallan neinjal eue gen-hoc'h,
Eit monet, dreist er mor, bed hon bro, aval hoc'h ?

Ah ! groeit aoel em lec'h, kanet a-bouiz hou penn :
- Dalc'het mad doh er Fe, dalc'het doh hou lezen
Ha groeit d'ehe reskont : - Ni zalc'ho doh er Fe !
Kentoc'h meruel mil gwech eid ankoueat hun Doue ! -

Trame musicale de la chanson ar beleg forbannet

Retour d’exil

Pierre Noury revint en Bretagne le 21 décembre 1801, des bruits courent qu’il serait revenu avant, où il fut nommé Curé de Saint-Pierre de Vannes, il est dit qua sa santé déclina à cause de cela car il portait encore en lui la paroisse de Bignan où il fit plusieurs allers-retours avant de mourir en 1804 à Vannes, son corps repose dans un sarcophage de granit dans l’église paroissiale de Bignan. son coeur y fut aussi embaumé.

Coeur de Pierre Noury

Coeur de Pierre Noury

Bibliographie

  • Erlannig Nourry, Pierre Nourry, Recteur de Bignan (1743-1804), Saint-Brieuc, Les Presses Bretonnes, 1978.

Cantiques et chants écrits par Pierre Noury

Pe Trouz ar an douar
Pe trouz war an douar, 
pe gan a glevan-me ? 
Na kaer eo ar mouezhioù 
a zeu eus lein an neñv ? 
Aeled, lavarit deomp 
perak ho kanaouenn ? 
Er bed petra nevez
 zo erru a laouen ? 
Kanit ivez ganeomp, 
kanit, pobl an douar 
Ni deu da lâret deoc’h 
un neventi hep par : 
Ur Mabig benniget, 
Roue Jeruzalem, 
A zo ganet ‘vidoc’h 
e kêr a Vethleem

Le titre Pe trouz war an douar a par ailleurs été repris par Hugues Auffray et Nolwenn Leroy

Kanenn an Eutru Noury, en Portugal (13-3-1800)

Une autre chanson retrouvé sur une feuille volante écrite au Portugal

Noms de lieux Pierre Noury

Il existe quelques noms de rues et de lieux Pierre Noury :

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