⏳ Le recul du breton aux alentours de Questembert

Nous reproduisons ici un article écrit par Alfred le Quer en 1952 dans « Les annales de Bretagne ».

Carte du recul du breton en pays de Questembert

LE RECUL DU BRETON AUX ENVIRONS DE QUESTEMBERT

  • 1 : Zone tenue au XIe siècle par des colonies bretonnes, selon Loth; faits corroborés par les études de Souillet.
  • 2 : Zone colonisée par les Gallos aux XIIe-XIIIe siècles.
  • 3 : Limite départementale. Limites du breton;
  • 4 : au début du XVIIIe;
  • 5 : en 1825, donnée par le chanoine Mahé;
  • 6 : en 1867, d’après Joanne;
  • 7 en 1926, d’après la Société Polymathique du Morbihan;
  • 8 : en 1949.

La carte ci-jointe permet de saisir le recul de la langue bretonne. La limite actuelle constitue une frontière encore susceptible de retouches ; il faut penser aussi que le triomphe éclatant du français aux dépens du breton et du gallo va amener une uniformisation linguistique prochaine (Fig. 4).


En gros, les faits notables sont les suivants :

1- La faible régression de l’influence bretonne du XIe au XVIIIe siècle.

Elle a surtout perdu du terrain sur la lande de Lanvaux, après une lente infiltration de pionniers venus du sud. Les nombreuses déformations des Ker en Car que l’on relève, très à l’ouest sur la lande, sont symptomatiques à ce sujet.


2 – Le recul accéléré à partir du XVIe siècle : en moyenne 5 kilomètres par siècle.


On peut y trouver d’abord des causes ethniques. : le fonds de la population est resté roman — les éléments bretons fixés dès le VIe siècle dans le pays ne furent jamais nombreux.
Après Loth, beaucoup ont répété que cette lente régression du breton était imputable à l’influence de la France proche, de civilisation plus raffinée que celle de la Bretagne affaiblie. Le phénomène, tout linguistique selon A. Dauzat, n’est « qu’un épisode du refoulement des langages
provinciaux par la langue de la métropole qui se sert souvent pour cette besogne de parlers placés déjà sous sa coupe » comme le gallo, « filiale de l’angevin » d’après Panier, quitte
à les user plus tard lorsqu’ils auront eux-mêmes évincé les étrangers.

Chez le Breton de l’intérieur du Vannetais oriental, on démêle des aspects qui l’apparentent au Gallo. A Elven, Monterblanc, Treffléan, Saint-Nolff même, vous retrouvez
le même tempérament renfermé, la même méfiance hostile ue vers Limerzel ou Questembert. Aux abords de Vannes ou de la mer, le changement est profond ; ce n’est pas
seulement l’homme de la côte et le natif de l’intérieur, l’habitant de la ville et celui des champs qui se heurtent : c’est face à face les « Brettes » et les « Galesses » (1). La vraie
Bretagne commence vers Vannes. Mais il y a aussi des causes économiques. Le foyer
essentiel d’attraction a été Questembert plus que Muzillac ou Elven. Une seule raison l’explique : le rôle de plus en plus important qu’à joué ce centre à partir du XVIe siècle — début de l’essor agricole — grâce à ses foires. Dans son orbite économique entrent surtout des Gallos ; pour ceux-ci, Redon est trop loin alors qu’à l’ouest les Bretons sont attirés par Vannes. Du coup, Questembert passa vite dans la zone d’influence française. Elven même est menacé d’y figurer bientôt.

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